Rencontre avec Bernhard Ehrmann
La source de précieux ingrédients.
Le jardin des plantes médicinales se trouve derrière notre bâtiment le plus ancien à Eckwälden, à l’orée des Alpes souabes dans le sud de l’Allemagne.
Monsieur Ehrmann, que signifie pour vous la notion de qualité durant votre travail quotidien au jardin des plantes médicinales WALA ?
Dans notre tâche de jardinier, il est important pour nous de tenir compte des processus et de penser en termes de cycles. Comment sol, plantes, animaux et humains vivent-ils ensemble dans ce jardin ? Notre jardin comporte des espaces de vie très différents les uns des autres : des fourrés ombragés, des zones ensoleillées, un ruisseau, un étang, des coins venteux et aussi des coins humides. Comment pouvons-nous faire en sorte que dans ce jardin les plantes deviennent médicinales ?
Qu’est-ce qui fait donc d’une plante, une plante médicinale ?
Quand nous imaginons une plante, nous voyons une forme équilibrée avec des racines, des tiges, des feuilles et des pétales. Une plante médicinale dévie de ce type idéal. Elle possède par exemple des racines extrêmement grandes ou très petites. Elle fleurit à une saison inhabituelle ou pousse de préférence dans un lieu de climat extrême. Dans notre jardin, nous permettons à la plante médicinale d’exprimer son être dans sa croissance.
Pour vous, les plantes médicinales seraient donc des Êtres à part entière ?
Oui, on peut le voir comme ça. Chacun de nous a même ses espèces attitrées et s’occupe intensément de leurs besoins.
A quoi ressemble cette prise en charge des plantes ?
On pourrait dire que les jardiniers sont les porte-paroles des plantes. Notre jardinière Tine Janssen s’occupe par exemple de l’Oxalis. Elle l’observe minutieusement et fait en sorte qu’elle pousse à un endroit optimal dans le jardin. L’Oxalis est une plante forestière, chez nous elle doit pouvoir pousser sous les arbres. Tine sait quand l’Oxalis ne va pas bien et qu’elle nécessite un traitement spécial. A l’approche de sa récolte, Tine observe l’Oxalis quotidiennement avec les techniciens de laboratoire qui s’occupe de sa transformation. Ensemble ils décident de la date précise de la récolte des plantes. Les fleurs de Calendula, utilisées pour les médicaments, ne peuvent être cueillies que par les laborantins. En effet, ils ont des exigences particulières sur l’état de la fleur. Elle doit être ouverte mais pas complètement éclose. Ce qui est bien, c’est que le laboratoire est limitrophe avec notre jardin. Ainsi les plantes médicinales fraîchement récoltées passent directement dans leurs mains pour la transformation.
Le jardin des plantes médicinales WALA est cultivé en biodynamie. Quelle est la particularité de cette culture ?
Un jardin biodynamique représente un circuit fermé. Nous récoltons les semences et nous en tirons la génération suivante des plantes. Nous considérons le sol comme étant un organisme vivant. Les résidus végétaux de notre jardin et de la production finissent dans nos composts. Ceux-ci sont pratiquement le cœur du jardin. Ils nous fournissent de l’engrais pour les plates-bandes, mais pas seulement. Le compost mûr est un régulateur et un transmetteur au sein du jardin.
Le compost comme régulateur et transmetteur ? Qu’est-ce cela signifie ?
D’une part, simplement par le fait que dans le compost se retrouvent tous les matériaux végétaux de toutes les saisons, nous réunissons la diversité du jardin en un seul point. C’est comme une longue respiration. Nous laissons ensuite du temps au compost pour qu’il mûrisse. Pendant deux ans et demi, les matériaux végétaux fermentent, vivent les qualités des saisons et forment quelque chose de nouveau. C’est un processus harmonieux. Car l’harmonie signifie l'union des contraires dans son ensemble. Nous pourrions accélérer ce processus par de fréquentes mises en œuvre. Mais nous ne le voulons pas.
Qu’est-ce qui est donc si important dans le fait de laisser mûrir le compost ?
Ce sont d’abord le temps et les soins dédiés au compost qui permettent une fermentation ordonnée et harmonieuse. Nous soutenons ce processus avec des préparations d’herbes médicinales et par le fait de retourner le compost deux fois par an. Ce faisant, nous examinons l’odeur, la couleur et la consistance du compost. A un moment donné, nous constatons qu’il est mûr. C’est l’or de la Terre.
Et puis commence la grande libération ?
Oui, c’est cela. Nous répartissons le compost à différents moments sur les plates-bandes. Chaque espèce reçoit un compost adapté à ses besoins, ses soignants ont l’œil là-dessus. Le compost joue là son rôle de transmetteur de vitalité. L’harmonie de son processus de fermentation, il la transmet aux plantes. La croissance des plantes se déroule de manière plus régulière avec du compost. Comme si les plantes apprenaient de ce dernier la juste mesure. Elles sont alors plus résistantes aux parasites et se développent en vigoureuses plantes médicinales pour la Pharmacopée WALA et la Cosmétique Dr. Hauschka.